Les vertus d'Aristote pour une vie équilibrée et épanouie
Dans le flux constant de littérature sur le dépassement de soi et l'auto‑assistance, émergent des gourous qui promettent de révéler les secrets du bonheur, du succès ou même de l'illumination. Beaucoup d'entre eux ne font que recréer, renommer ou tenter de traduire des concepts d'autres maîtres. En le faisant, ils ont souvent tendance à les diluer et à les banaliser.
Comme on le sait, l'eau d'une rivière est plus pure lorsqu'elle est plus proche de sa source. C'est pourquoi nous recommandons, avant de suivre un gourou postmoderne, de d'abord se familiariser avec une tradition millénaire, au moins pour pouvoir comparer les paroles d'un prétendu innovateur.
Voici les vertus qu'Aristote, sans aucun doute l'une des plus brillantes intellectuelles de l'histoire de l'humanité, a exposées dans son Éthique comme constitutives de l'eudémonisme, qui est le terme qu'Aristote utilise pour désigner une vie bonne, heureuse et, surtout, significative.
Ce n'est pas le bonheur hédoniste ; c'est le bonheur en harmonie avec l'environnement, avec les autres hommes, avec l'univers et même avec le divin.
Il convient de noter que le philosophe souligne que chacune de ces vertus est un juste milieu, c'est‑à‑dire qu'elle enseigne la modération. Par exemple, la tempérance est le juste milieu entre l'excès (ou l'indulgence excessive) et la déficience (ou l'insensibilité). Ainsi, une personne ne boira pas trop, mais pourra apprécier un verre de vin lorsque l'occasion se présente.
Tout comme le Bouddha, Aristote a enseigné un juste milieu, et ces vertus peuvent être comparées aux paramitas ou perfections enseignées par le bouddhisme.
Chaque vertu est le point médian entre un vice de déficience (rouge) et un excès (bleu). La personne vertueuse tendra vers l'équilibre.
1. Courage : Le point d'équilibre entre la lâcheté et la témérité.
2. Tempérance : Le juste milieu entre l'indulgence excessive et l'insensibilité.
3. Libéralité ou charité : Le juste équilibre entre la radinerie et l'excès de générosité irresponsable.
4. Magnificence : Cette vertu consiste à vivre dans l'abondance. Elle se situe entre la retenue et la vulgarité. Le philosophe est contre la mortification ascétique, mais n'aime pas l'ostentation.
5. Magnanimité : Cette vertu régule la fierté et se situe entre la fausse modestie et le délire de grandeur. Elle a aussi pour fonction de développer la confiance en soi et l'amour‑propre.
6. Patience : Cette vertu contrôle le tempérament et permet à une personne de ne pas être victime d'excès émotionnels. Cependant, il faut faire attention à ne pas tomber dans la passivité. Il y a des moments qui méritent la colère.
7. Honnêteté : Ici, le juste milieu se situe entre le vice du mensonge et le vice de ne pas avoir le tact nécessaire pour savoir quand il vaut mieux ne pas parler.
8. Ingéniosité : Le juste milieu entre la bouffonnerie et l'ennui.
9. Convivialité : Pour Aristote, l'amitié est au cœur du sens de la vie. Cependant, il convient d'éviter d'être trop amical, au point de ne pas nous consacrer à d'autres choses importantes.
10. Pudeur : Bien que la pudeur soit aujourd'hui dévalorisée, elle peut en fait être une vertu morale importante, non pas dans le sens où nous devrions avoir honte de qui nous sommes ou de ce que nous voulons faire, mais dans le sens où nous ressentons un véritable chagrin et repentir pour nos erreurs. Le juste milieu entre la peur et l'audace excessive.
11. Justice : La vertu d'être équitable se situe entre l'égoïsme et le manque d'amour‑propre.