/reboot/media/aec66a64-0445-11ee-8823-0242ac14000a/6acfcc56-58c1-11f0-afb1-0a54e1453775/1-1-capture-d-ecran-2025-07-04-122638.png)
Et si un transhumanisme européen était possible ?
🗞️ Huitième épisode de ma série de tribunes Les Echos, consacrées aux grandes transformations du 21ème siècle et à leurs paradoxes.
Et si un transhumanisme européen était possible ? Cauchemar pour la plupart, le transhumanisme a mauvaise presse en Europe, et y serait condamné avant même que d'être né ; il paraît difficile d'envisager en Europe une adhésion massive aux visions américaines du transhumanisme (Ray Kurzweil, Peter Thiel, Elon Musk).
Cependant il me semble qu'un transhumanisme européen peut de manière singulière advenir au cours des décennies qui viennent :
▶️ Par pragmatisme personnel :
- Le traitement des « pathologies de fin de vie » suscite des engouements massifs : « pouvoir guérir d'une maladie neurodégénérative » est désiré par 87 % des Français (sondage Viavoice, juin 2021).
- Le souhait d'accroître ses propres capacités. Déjà il y a quatre ans, 69 % des Français affirmaient qu'ils « aimeraient avoir une mémoire deux fois plus importante qu'aujourd'hui », 67 % des « capacités deux fois plus importantes qu'aujourd'hui », et 57 % une « intelligence deux fois plus importante qu'aujourd'hui ». Invités à citer l'avenir qu'ils « préféreraient avoir, pour leur vie personnelle », 52 % déclaraient désirer « vivre jusqu'à 130 ans en bonne santé » (ibid.).
▶️ L'Europe s'engage déjà :
- Pour la santé, le programme Horizon Europe explore les interfaces cerveau‑machine et les implants neuro‑technologiques.
- Le projet européen NeurotechEU qui regroupe huit universités majeures ambitionne de former une nouvelle génération de chercheurs en neuro‑technologies.
- Parmi les entreprises, la société marseillaise Inclusive Brains investit sur les interfaces homme‑machine non invasives au service de la santé.
▶️ La « voie européenne » peut privilégier une régulation par des principes éthiques (comparables à ceux portés par l'AI Act européen en matière d'intelligence artificielle) : une « éthique de l'augmentation humaine », dans le respect de la Charte des Droits fondamentaux de l'UE.
Il existe une possibilité d'avenir pour un transhumanisme européen, davantage pragmatique et de santé, encadré par des repères éthiques et offrant des opportunités entrepreneuriales. Cette voie "d'augmentation humaine" bouleverserait l'espérance de vie et un grand nombre de nos équilibres, au premier rang desquels nos systèmes sociaux et de retraites...
Et comme le disait Michel Serres, un nouvel humain est déjà né, sous nos yeux, ces dernières décennies...
A débattre avec plaisir en réflexions de prospective... 🙏