A la recherche de la responsabilité perdue
🗞️ 12ème tribune de notre série mensuelle Les Echos, consacrée aux grandes transformations du 21ème siècle.
Budgets de l'Etat en déficit depuis 50 ans, climat, niveau scolaire, incivilités, jusqu'au Louvre... Nos épreuves sont volontiers imputées à un Inventaire à la Prévert de catégories génériques : les réseaux sociaux, l'Etat, les riches, les boomers, l'IA, la vidéosurveillance... En 25 ans depuis le début du siècle, qu'est devenue l'idée de responsabilité individuelle, entendue comme le fait d'être personnellement comptable de ses actes ?
Aujourd'hui, 47 % des Français estiment que « dans la longue durée en France, on responsabilise moins qu'auparavant les personnes pour leurs actes » ; 25 % considèrent que l'on responsabilise davantage et 28 % ne se prononcent pas (sondage Viavoice, échantillon national représentatif de 1000 personnes, octobre 2025).De manière surprenante en apparence, cette altération perçue de la responsabilité individuelle va de pair avec une exigence d'hyperchoix. Telle est peut‑être une ambivalence majeure au fondement de notre époque : le désir d'une grande amplitude de choix sans endosser une grande responsabilité personnelle.
L'inconvénient de cette dynamique est d'altérer la notion de reconnaissance, qui compte aujourd'hui parmi les principales revendications des Français et des salariés. Or la responsabilité fonde précisément la reconnaissance : si elle peut être sanction, elle peut‑être également gratification et surtout prise en compte du rôle et de l'existence de chacune et de chacun devant les autres.
Dès lors aujourd'hui, comme un retour de l'histoire, 79 % des Français estiment qu'« en France, il faudrait davantage responsabiliser les personnes pour leurs actes » (sondage Viavoice, ibid.).
Winston Churchill disait déjà en 1943 que « la responsabilité est le prix de la grandeur » ; elle est aussi, simplement, celui de la reconnaissance individuelle, c'est‑à‑dire de l'existence en tant que personne aux yeux de notre monde.
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